« Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou l’accomplit ». — René Char
Rêver sa vie…c’est ce que nous faisons souvent… Ah ! Si seulement… j’avais osé …quand j’aurai fait ceci ou cela etc… En rêvant sa vie, nous courons de-ci-delà et passons à côté de nous-même.
Accomplir sa vie, accomplir (étymologiquement : remplir, réaliser sa vie). Autrement dit : devenir qui je suis.
Nous sommes sur un Chemin pour lequel nous nous sommes engagés. Ce Chemin est une métamorphose de soi-même, exigeant de nous de devenir disciple de la Voie, en l’occurrence celle du Zen.
Yvan Amar (écrivain, philosophe élève de Chandra Swami Udasin) pose la question suivante :
« Qu’est ce qui préside à la naissance du disciple ?
La reconnaissance d’une valeur nouvelle à partir de laquelle il peut fonder sa vie, dans la liberté et avec le sentiment d’un temps infini. Une valeur qui n’a rien à voir avec la compensation d’un manque ou l’annulation de la souffrance, la disparition de la maladie, de la vieillesse ou de la mort. (…) Cette valeur rend caduque et dérisoire la revendication de la non-souffrance ».
Cette re-connaissance (connaître à nouveau) est celle du réel, nous y entrons grâce à une qualité d’être, le vécu corporel, déjà rencontré mais… oublié.
Dans la fulgurance de l’instant, soudain une expérience pulvérise toutes les injonctions sociales, familiales que nous avons intégrées comme faisant partie de nous-même…
Le Moi pulvérisé…que reste-t-il ? Cette valeur nouvelle, « Corps-je-suis » (IchLeib), véritable acte de conscience, une manière d’être pleinement soi-même.
L’intimité avec cette expérience vécue nous informe mais ne nous transforme pas. Elle nous indique la direction à suivre, nous oblige à devenir le serviteur engagé de la Voie, disciple de la grande Vie qui coule, coule… La pratique, le quotidien deviennent alors le lieu de l’engagement. Ce Chemin de devenir soi-même est un Chemin du OUI qui nous confrontera inéluctablement à une intimité avec… le non !